Ce
matin, nous réempruntons la piste de Bweyeye, deux heures de
cahotements en jeep à travers la Forêt de Nyungwe pour retrouver
Danasen, notre guide local de la veille. Nous lui avons confié la
mission de nous trouver un beau lot d'amanites pour les besoins des
études toxicologiques qui seront menées ultérieurement. Nous
sommes confiants sur les récoltes à venir étant donné la présence, déjà, de quatre
exemplaires la veille...
En remontant le village, apparaît Damascène, un panier à moitié rempli de champignons. Un coup d’œil rapide de notre mycologue confirme que ce sont bien les amanites recherchées et leur nombre est suffisant, une belle quinzaine d'individus !
Satisfait, notre mycologue Jérôme décide de partir arpenter les collines avoisinantes à la recherche d'autres espèces en laissant le soin à Assoumpta de poursuivre l'enquête sur la comestibilité de l'amanite. Il est en effet essentiel de croiser les témoignages…
Satisfait, notre mycologue Jérôme décide de partir arpenter les collines avoisinantes à la recherche d'autres espèces en laissant le soin à Assoumpta de poursuivre l'enquête sur la comestibilité de l'amanite. Il est en effet essentiel de croiser les témoignages…
Louise confirme les premiers témoignages : la peau (cuticule) du chapeau est retirée. Une fois le champignon épluché, sa chair est coupée en morceaux et cuite dans l'eau, accompagnée d'autres légumes (tomates, oignons...). Assoumpta questionne Louise sur le but poursuivi par cet épluchement, s'il s'agit d'éviter la présence de poisons contenus dans la cuticule ou pour d'autres raisons. Elle nous explique que c'est parce que la peau est gluante mais non à cause d'une toxicité. D'autres témoignages recueillis par Assoumpta parlent, par contre, d'une telle toxicité, notamment une famille de 4 personnes qui serait décédée en mangeant des champignons mais rien ne prouve ici que c'est bien l'amanite qui en est la cause. La seule chose certaine, finalement, est qu'ils retirent la cuticule avant de cuire le champignon !
A ce stade, nous pouvons formuler trois hypothèses sur la non toxicité de cette amanite qui appartient pourtant au groupe "phalloides / marmorata" dont les taxons connus sont réputés ou décrits comme mortels :
- Les habitants seraient « immunisés », leur corps pouvant dégrader les toxines contenues dans le champignon.
- Les toxines seraient contenues dans la cuticule uniquement, le reste du champignon étant comestible.
- Cette amanite serait entièrement comestible.
Si le mystère de l'amanite n'est pas résolu, les témoignages recueillis permettent néanmoins d'affiner le protocole de recherche : les amanites seront séparées en deux lots, l'un comportant le chapeau en entier, l'autre le chapeau sans sa cuticule. Ces deux lots seront coupés et séchés séparément en vue d'une analyse toxicologique distincte prévue de retour de mission…
Une idée en passant : ne peut-on pas directement analyser le caractère toxique de la cuticule ?
RépondreSupprimerDidier
Analyser que la cuticule n'est pas suffisant dans la mesure où la toxine, si elle est présente, pourrait aussi se trouver sous celle-ci, dans les lamelles.
Supprimer