Le Volcan Sabyinyo |
Les
forêts de feuillus au pied du volcan Bisoke nous ont fait découvrir
une grande diversité de champignons. Qu'en est-il des forêts de
bambous ? Pour répondre à cette question, l'équipe scientifique a
prospecté le pied de trois volcans (Sabyinyo,
Gahinga, Karisimbi) qui comportent de belles populations
naturelles de cette herbe géante.
Un
nouveau guide local nous accompagne. Il s'appelle Damascène (comme
celui de Gishwati) et en connaît un bout sur la forêt. Rien
d'étonnant : il y a vécu 18 ans avant d'en sortir il y a une
vingtaine d'années.
Direction,
d'abord, le Volcan Sabyinyo. De nombreux sentiers se croisent
sous les bambous. Ils sont parsemés d'empreintes d'ongulés. Des
buffles, nous précise Raymond. Et ils semblent nombreux vu la
quantité de traces et de bouses qui les jalonnent.
Les
champignons comestibles sont au rendez-vous. Damascène ne connaît
pas leur nom local mais nous détermine sans équivoque ceux qu'il a
déjà mangés. En réalité, nous constaterons qu'il mange à peu
près tout… ce qui peut être consommé. Loin d'être de bons
comestibles, ce sont probablement des champignons non toxiques que
les mycologues qualifient volontiers de « comestibles médiocres
ou sans intérêt ». Mais lorsque Damascènne vivait en forêt,
il n'était probablement pas question de faire la fine bouche…
«Ce
qui frappe, constate Jérôme,
c'est le
nombre de champignons qui utilisent le bambou comme support. Mais
leur diversité est néanmoins
faible : tout
au plus quelques marasmes et collybies. Et très
peu d'espèces de champignons poussent sur
la litière constituée des feuilles de bambous ».
Mais
si la diversité spécifique
est faible, les bambouseraies
hébergent toutefois
quelques originalités.
Première
surprise :
deux espèces d'armillaires
poussent
sur les bambous des trois volcans
: l'armillaire couleur de miel (Armillaria
mellea), bien connue de
nos forêts européennes et l'Armillaria
heimii.
Collybie dorée (Collybia aurea) |
Plus
étonnant, dans les
bambouseraies
du Karisimbi
nos mycologues ont récolté coup sur
coup deux
autres
espèces
: la
collybie dorée (Collybia
aurea), champignon comestible jaune
orangé très
apprécié au Burundi voisin et
un exemplaire de
Termitomyces robustus,
le
fameux
champignon qui
vit en symbiose avec des termites.
«La
présence de ces espèces comestibles
sous les bambous
des forêts de montagne est
pour le moins singulière.
C'est
réellement une
des grandes surprises de notre mission !»,
précise
avec satisfaction notre
mycologue.